Fabrication des montants de cornière (et autre pièces gauches) V2

Bonjour,

Je reformule mon sujet afin de le rendre plus compréhensible. Ce n’était pas vraiment le cas dans ma première version.

Certaine pièces comme les montants de cornière sont difficiles à fabriquer du fait que toutes leur surfaces sont gauches. Les monographies ne font pas toujours apparaître toutes les vues. En cours de fabrication les références à des axes ou plans verticaux, horizontaux ou autres, disparaissent.
Dans l'ancien forum, ceux du Gros-ventre et du Commerce de Marseille, des Forumeurs ont traités ce problème avec des solutions que je reprends en partie dans ce sujet.
J'y ajoute quelques idées venant tout droit de mon activité d'imagerie de synthèse et de dessin en 3D.

Tout d’abord quelques considérations :
La vue globale 3D de la poupe du CM avec les montants de cornière. Ils n’ont aucune face parallèle ou perpendiculaire à un axe du bateau. A part la face arrière haute, toutes les autres sont vrillées.


La 3D n'est jamais obligatoire en modélisme, le dessin 2D permet toutes les projections possibles.
Voici les 2 vues dessinées dans la mono du CM:


Elles sont bien sur exactes, mais les projections utilisées (vue de la poupe et vue de tribord) font perdre pas mal de bois aux modélistes, sans compter la difficulté d’usiner des épaisseur importantes. Comme dans l’exemple suivant des montants du Gros-Ventre de Francois de Nantes, (photos extraites du forum du GV).


Voilà les vues obtenues à partir de la 3D en utilisant des axes de projections différents de la mono et qui vont permettre d’optimiser le bois et la coupe. La pièce est inclue dans un parallélépipède virtuel.



Maintenant, la procédure de fabrication en 2 étapes

1) Première étape :
Je prépare un bout de bois de la taille exacte de mon parallélépipède virtuel.
J'y colle mes vues imprimées bien positionnées par les bords
L’intérêt de la projection 3d optimisée est tout de suite évident.



Je découpe à la scie (à ruban ou à chantourner, pas à la boquefile). 4 traits de scie.


J'obtiens ma pièce brute avec ses surfaces parallèles et toutes les chutes dont je me resservirais plus tard.


A ce stade la pièce est déjà bien dégrossie.
Il reste alors à finir les faces avec les vrais angles dus aux concavités verticales et horizontales de la poupe.
Sur la pièce, plus aucun trait n’apparait puisqu’ils sont restés sur les chutes.

Traditionnellement, la finition se fait en positionnant sa pièce à son emplacement final exact sur la poupe. Puis en enlevant la matière superflue par approximation plusieurs fois. Ceci jusqu’à obtenir les vraies arêtes du montant.

Afin d’éviter ces approximations, j’ai imaginé projeter, dans le bon axe, le dessin initial sur la pièce découpée. Je peux alors retracer les traits et m’en servir pour affiner la forme finale.

2) Deuxième étape :

J’imprime mes vues 3D sur du transparent. Je les pose sur un bout de plexi reposant sur 2 cales en bois de 5cm de hauteur. J’éclaire par-dessus avec une source lumineuse qui projette le dessin dessous.


Je positionne ma pièce brute sur les chutes adéquates sous la projection. Je me sers des contours du parallélépipède initial pour bien faire correspondre le tout.


Et je peux décalquer sur ma pièce brute les traits de mes arêtes finales.


Je n’ai plus qu’à finir mon montant en enlevant la matière en suivant mes traits de coupe à nouveau précisément dessinés.



C’est fini, la pièce faite avec quand même un peu de gras, s’ajustera pile-poil à son emplacement.
En supposant naturellement que les pièces adjacentes respectent précisément la mono.
Ce qui n'est, je le conçois, pas toujours la cas…mais on peut toujours réver.

Quelques considérations sur l’éclairage nécessaire à la projection.

Pour source lumineuse, je prends une ampoule à LED qui me permet d’avoir des traits projetés nets.
Les rayons lumineux d’une source ponctuelle comme la LED ne sont pas parallèles et grossissent l’image projetée.
Pour éviter cet effet déformant, il faut éloigner au mieux la source lumineuse.


Pour résoudre ce pb, j’ai créé le montage suivant avec 2 miroirs et une loupe.
La lumière parcours 7m, l'agrandissement de la projection du au non parallélisme exact des rayons est de l'ordre de 0.5mm pour une pièce de 10cm placée à 5cm en dessous du plexiglas. c'est acceptable.



A part la 3D qui me permet de dessiner toutes les vues n'existant pas dans la mono, et qui est effectivement une étape obligatoire si l’on veut économiser son bois, le reste ne me parait pas trop compliqué.

Au cours des 2 étapes, une chose importante est de conserver le contour du parallélépipède. C’est lui qui permet de repositionner sa pièce dans l’espace.
L’esprit de cette boite virtuelle est le même que pour les allonges d’écubier, même si la procédure est totalement différente.

La première étape de sciage est classique et peut s’utiliser pour toutes sorte de pièces gauches, petites ou grosses.
La deuxième étape de projection et de décalquage est adaptée à des échelles de fabrication à partir du 36ème , 24ème etc.
En effet la précision de la projection est de l’ordre du mm. Son utilisation est donc intéressante pour des pièces de 5mm minimum de large.

Je pense, à terme ??, proposer sur le forum un service de dessin 3D des pièces complexes à l’échelle désirée avec des projections optimisées.
Dessiner en 3D un montant de cornière doit me prendre 1 heure.
Je créerais certainement un topic sur ce sujet, comme l'avais imaginé Hervé il y a déjà quelques lurettes.

L’intervention constructive de Gérard2 :
Bonjour,pour encore plus simple, faire comme Bernard a dit pour la première étape, et recoller sommairement les chutes pour faire les découpes dans l'autre sens à partir des tracés faits sur la pièce brute (technique utilisée pour les figures de proue).Pour le montage, il ne faut finir que le côté tourné vers les couples, ainsi que la paroi côté vaigrage, lorsque l'intérieur des couples a été fini, en s'appuyant sur des baguettes provisoires fixées à l'intérieur par pinces.La finition vers l'arrière et la face côté bordage se faisant avec les autres finitions.Gérard


Pour finir
Je ne résiste pas à l’envie de vous remettre cette photo et sa légende de l’époque qui ont révélé le joyeux hurluberlu que je suis.

c’est là que je transforme mon atelier en laboratoire de recherche fondamentale sur le laser vert

J'ai pris cette photo dans le noir pour faire joli. Je travaille bien sur en lumière ambiante.

Bernard

Bernard ta façon de traiter le problème est magnifique. Il faut cependant avoir le matériel pour mais aussi maîtriser parfaitement la 3D.

Pour ma part je resterai avec la bonne veille géométrie descriptive que j'ai eu le plaisir d'effleurer dans ma jeunesse bein qu'il ne m'en reste pas grand'chose.

Francis.

C'est vrai qu'on est proche de stars war, c'est magnifique mais pour moi c'est de la science fiction...

Francis,

dans les échelles où tu travailles, ces procédures n'apporteraient pas grand chose.
Et puis quand même, toi tu es champion du monde, et "non réciproquement" tout le monde ne l'est pas, suivez mon regard
Bernard

Tu sais Bernard je ne l'ai pas fais exprès, c'est en fréquentant le forum et ses adhérents que je me suis retrouvé en championnats. Le problème : c'est comme pour le poirier, il en vient une addiction due à la fréquentation de personnes toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Et puis c'est international, ont peut échanger par gestes à défaut de baragouiner la bonne langue, c'est plus drôle.

Tu verras, avec tes techniques tu n'auras rien à envier à quiconque.

Francis